De nombreux dimanches et années de vin plus tard, ses dégustations ont de plus en plus éveillé ma curiosité. Ma mère m'a acheté quelques livres sur le vin et y a toujours écrit ses adorables dédicaces. Elle citait le livre d'Anne de Vries : "Bartje, tu es un petit garçon dans un grand monde (du vin) à la recherche du bonheur". Elle m'a appris non seulement à lire, mais aussi à écrire. Le vin est devenu une histoire d'amour, la porte du cosmos du vin s'est entrouverte. Merci maman - la toute dernière bouteille que mon professeur a débouchée était un Figeac 66. Il n'a vidé qu'une partie de son vin préféré, comme pour dire : "Le reste est pour vous, car vous n'en êtes qu'à la moitié de votre latin". Je n'ai donc pas tardé à faire ma valise en direction de Saint-Emilion pour y étoffer mon bagage de vins. Le maître de chai de Canon-La-Gaffelière ne sait pas quelle passion il a éveillée en moi lorsqu'il m'a expliqué les premiers principes de la vinification au milieu des vignes bâclées et dans les caves voûtées. Merci Patrick !
Désormais, je le sais : le vin sera mon métier. Eric Boschman m'a emmené aux réunions du "Cercle des sommeliers professionnels de Belgique" où s'est ouverte pour moi la porte du grand monde du vin. Seul Flamand dans ce bastion franco-belge, je suis rapidement bombardé vice-président. Au pays des Belges, le seul Flamand est roi des Flandres, ou comment tout relativiser autour d'un verre de vin. Quoi qu'il en soit, pour acquérir les connaissances qu'Eric m'a servies pendant tout ce temps, j'aurais dû puiser moi-même dans de nombreux barils d'encyclopédies et de sites web. Merci Eric !
L'intérêt devient passion
Il y a quelques années, mon ami Eric Boschman m'a demandé d'écrire un avant-propos pour son premier livre sur le vin.
Voici ce que j'ai écrit à l'époque :
Quand l'intérêt devient passion
"C'est dimanche", dit ma mère en dressant une table de fête pour sa progéniture choyée. Mon père plonge résolument dans la cave à la recherche d'un trésor viticole oublié. "Cet après-midi, Pierre bénit le repas", se vante-t-il. Mes frères aînés tentent de dissimuler leur gueule de bois derrière un "ouf" gagant. Lorsque le petit bavard que je suis demande plus d'explications sur ce joyau poussiéreux, il débouche gracieusement la bouteille pour moi et lui seul. Il ignore en plaisantant les verres tendus par les corbeaux nocturnes, "pas de perles devant les porcs" ! Un premier pan du voile du vin se lève. Merci papa !